Vu par Lucien Bodard

Venise et la Grande Muraille de Chine… Rêves de pierre que le temps érode, merveilles du monde.

Pour poétique qu’elle soit, l’idée au prime abord surprend. Jusqu’à ce que se lève la mémoire de celui qui, le premier tissa un lien entre la Cité des Doges et l’Empire Céleste: Marco Polo…

Ah le fabuleux périple de Marco l’Enchanteur! Parti de Venise en 1271, il reste quelque vingt ans dans la mythique Cathay de Kubilay, ce descendant de Gengis Khan qui fut le plus éclairé des monarques, et puis il revient à Venise la Sérénissime et là il raconte, il écrit: « le devisement du monde ». 

Et l’Occident ébloui découvre l’Orient extrême. Une ère nouvelle commence: Christophe Colomb n’est pas loin, qui, on le sait, avait beaucoup lu Marco Polo. …De Venise la marchande (la première cité capitaliste?) à l’empire qui inventa le papier monnaie, la route n’est donc pas si longue, ni les noces si baroques… 

…On ne s’étonnera pas alors que pour leur sauvegarde, l’univers s’allie. Municipalités, journaux, organismes de toutes sortes, l’Opéra de Paris et celui de Pékin, se sont conjugués pour patronner des spectacles inouis qui seront retransmis en mondiovision. Quelle célébration !… 

Oh, bien sûr, l’on pourrait dauber à l’infini sur ces personnalités capitalises éminentes qui vont en pays communiste chercher la source des délices ou se moquer d’une Chine prompte à vendre ses merveilles aux-dites personnalités. Bien sûr… 

Reste que… le monde moderne est né de ces rencontres-là… Et qu’il sera bon et doux de s’en souvenir un soir d’été au coeur de la Cité naguère interdite.

…Pour que vive Venise et que de la Lune on aperçoive toujours le corps prodigieux, le corps insolent de la Grande Muraille de Chine »…